J’aime le ski de fond

Tu te retrouves avec les copains pour te tirer la bourre et refaire le monde, en attendant la prochaine course. S’il y en a encore une…parce que cette année, on a pas été gâté avec la neige. Tu regardes les enfants qui poussent du mieux qu’ils peuvent, et les parents en soucis. Tu touches la neige du bout du bâton, pour deviner comment le temps futur va la travailler.

En haut de la bosse de la bleue, tu t’arrêtes un moment au pied de l’oratoire , les poumons en feu , parce que tu as poussé comme un malade dans la côte et que ça chasse derrière. Tu regardes la vieille ferme, juste à côté, et tu penses aux vieux dans le temps et la vie qu’ils menaient, à toutes les histoires qu’ils ont pu te raconter. Les guerres, les morts, les amours, les combines, les sous, les journées éreintantes, les hivers qui n’en finissent pas.

Tu regardes le ciel en tourment, le Môle et le Bargy, tout là-bas, du côté de Bonneville et du plateau des Glières. La lumière violente te passe au travers et tu te demandes comment le grand manitou qui nous gouverne a pu mettre en place tout ce bazar, et nous au milieu.

Tout en bas, les gamins du ski-club de Villard travaillent le style dans le creux, là ou la neige reste froide. Les entraineurs, placides, veillent au grain. Les ados, ça remue. Tu n’entends plus que des cris d’enfants, au loin, et juste au dessus de ta tête, le piaillement d’un zizet, sur la branche d’un fayard, juste au coin du bois.

Tu penses à autre chose. Tu te demandes si tu vas prendre de la polanta sauce coffe ou des lasagnes au foyer, quand tu poseras les skis. Tu n’entends plus que des cris d’enfants, au loin, et juste au dessus de ta tête, le piaillement d’un zizet, sur la branche d’un fayard, juste au coin du bois. Ton cœur a fini de taper la chamade dans les oreilles. Tout se calme en toi.

Tu repars pour une boucle.